Archipelago: Architectures for the Multiverse, Mai 6-8, Genève /

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Archipelago Team
« Des îles et des ArchitectureS de caractères » : Un entretien avec Yves Leuzinger
25.02.2021

Yves Leuzinger, directeur de l'HEPIA jusqu'en février 2021, est un ingénieur en environnement spécialisé dans le développement durable. Il y a plusieurs années, il a lancé, avec d'autres représentants de la HEAD et de l'HEPIA, un projet de vision à long terme, le « pôle des architectures », afin de réfléchir à pour réfléchir à la manière dont les trois départements d'architectures des deux écoles pourraient interagir et s'unir sous de nouvelles formes. Archipelago est une initiative qui est née de cette recherche.

Comment est née l'idée d'Archipelago ?

Je crois fermement à la valeur du travail transdisciplinaire et nous réfléchissons depuis de nombreuses années à le mettre en œuvre dans différents domaines. Pour l’architecture, nous nous sommes rendu compte de la richesse des trois filières que sont l’Architecture, l’Architecture du paysage et l’Architecture d’intérieur. Pour renouveler le regard posé sur les architectures et stimuler un pôle d’excellence, nous avons convenu d’une démarche commune, de travaux de recherches partagées et de cours identiques pour nos étudiant.e.s. Les trois filières restent indépendantes et rattachées à leur école, mais une stratégie mutuelle est mise en place et soutenue par les directions. Archipelago est né de cette volonté de faire travailler les équipes ensemble ; quoi de mieux qu’un séminaire de réflexions pour tester ce travail en équipe et mettre des automatismes en place !

De nombreux aspects de l’événement, de sa conception physique à son image de marque, ont été réalisés en collaboration avec vos écoles respectives. En quoi la HEPIA et la HEAD sont-elles particulièrement bien placées pour travailler à l’organisation d’Archipelago et comment l’événement reflète-t-il vos positions pédagogiques plus générales ?

Les HES en Suisse se caractérisent par leur approche très pratique d’un métier bien que de niveau universitaire. Ainsi l’esprit HES se traduit très bien dans le mélange entre recherche et enseignement. Imaginer une thématique, un contenu et une scénographie pour un événement international est ainsi une mise en œuvre très stimulante de ce concept. Les étudiant.e.s des trois filières se sont ainsi exprimé.e.s, confronté.e.s et finalement devront réaliser une partie de leurs propositions. La stimulation entre étudiant.e.s, assisant.e.s et enseignant.e.s est forte et pousse chacun.e à se dépasser.

Quel est le rôle d’une école de design et architecture aujourd’hui ? Quelles sont ses responsabilités et, inversement, quel est son potentiel ?

En HES, le rôle premier est de fournir un bagage métier suffisant pour exercer une profession, dans un esprit critique et d’auto apprentissage. Pour stimuler la réflexion et offrir les meilleures chances de s’insérer dans le monde du travail, une école doit être connectée, un lieu de pensées et de développement de nouvelles approches. Nos nombreux et nombreuses intervenant.e.s externes et professeur.e.s invité.e.s permettent de garantir une formation à la hauteur de nos ambitions : être une école connue et reconnue à travers la Suisse et l’Europe permettant à nos étudiant.e.s de trouver facilement une place de travail qui leur convient. La présence de filières Bachelor professionnalisantes et de filières Master de haut niveau assure notre reconnaissance et notre rayonnement.

Archipelago sera diffusé à partir de Genève au début du mois de mai. Quelle est l’importance de ce point d’ancrage ? Qu’offre ce lieu spécifique pour vos écoles et pour le discours sur le design en général ?

Au milieu de l’Europe, dans une grande agglomération internationale avec des défis de croissance importante pour un territoire restreint, Genève offre un terrain d’étude très concret et axé sur le développement durable. Qualité de vie, paysages émotionnels et biodiversité doivent accompagner la croissance de la « Ville ». Dans les formations et les événements qu’offrent HEPIA, nous pouvons nous concentrer sur une agglomération en devenir et nos étudiant.e.s deviennent directement des acteurs de cette construction. Nous pouvons rénover la ville, au sens propre et au sens figuré. Dans cet esprit, la création de grands événements, où la réflexion et le doute sont de mise, génèrent des opportunités pour mieux définir notre devenir et celui des ArchitectureS.

Il semble aujourd’hui que la définition du travail des architectes, des architectes paysagistes et des architectes d’intérieur soit plus vague que jamais, en particulier pour les étudiant.e.s et les professionnel.le.s en début de carrière. Que pensez-vous de la définition de ces domaines et dans quelle mesure peut-on et devrait-on les remettre en question ?

Les diverses disciplines évoluent et se recoupent sur certains aspects. Par contre elles restent des métiers à part entière dont on peut déterminer les caractéristiques. Ce sont les résultats de leurs travaux respectifs qui se croisent le plus, justement par une collaboration accrue et une ouverture à une vision plus large dans la concrétisation des aspects métiers. Les formations restent donc distinctes mais avec des pans interdisciplinaires, au profit par la suite de projets mieux intégrés et plus globaux dans leur opérationnalité.

Comment s’est passée la collaboration entre la HEPIA et la HEAD jusqu’à présent ? Y a-t-il eu d’autres exemples par le passé ?

La volonté de collaborer émane des directions, mais elle se met en place grâce aux personnes dans les filières et aux mesures incitatives mises en place. Cela a été le cas pour nous. La collaboration est longtemps restée une idée bienvenue mais peu ancrée dans les habitudes. Plusieurs concours de circonstances ont permis une mise en œuvre très forte et motivante, notamment grâce à la présence de responsables de filières curieux et entreprenants qui se sont de plus liés d’une vraie amitié.

Le sujet tabou, c’est la pandémie en cours et ses effets sur tous les aspects de la vie. Pourquoi organiser un festival maintenant et comment Archipelago a-t-il dû s’adapter, tant dans son concept que dans sa forme ?

Nous avons voulu cet événement comme un jouet stimulant pour réfléchir au devenir des ArchitectureS, une vitrine pour expérimenter et remettre en question le travailler ensemble et ausculter toutes les formes de collaboration pertinente pour la suite. Nous avons élaboré un modèle classique mais innovant dans la forme au début, pour finalement devoir repenser tout le concept en ligne et avec une présence minimale. Un vrai double défi ! Dans notre cas le cheminement était au moins aussi important que l’aménagement final. Ainsi nous avons accumulé les réflexions, les modes d’expressions et les outils de communication. Fatiguant certainement mais formateur et presque idéal dans notre cas, un séminaire pour et par la création d’une pensée plus collective.

Qu’espérez-vous voir à Archipelago ? Qu’est-ce que les gens qui regarderont depuis chez eux devraient en retirer et quels sont les projets pour la suite ?

Que toutes les personnes y trouvent matière à réflexion pour mieux comprendre les défis de la construction des villes durables et que nos équipes en retirent des lignes directrices pour leur collaboration future. Des îles et des ArchitectureS de caractères, mais une pensée et une action communes vers des Archipels de grande qualité.